Témoignage écrit

Josépha est âgée de six ans au moment des événements, mais cette période de conflit l’a particulièrement marquée et de nombreux souvenirs imprègnent son esprit de manière indélébile.

De l'évacuation, elle se rappelle tout d'abord que son grand-père participe avec Georges BOLLINGER au déménagement des services de la perception de Muntzenheim vers Kaysersberg, ce qui lui permet de rester en Alsace. Sa mère loue à la même époque un appartement à Kaysersberg pour que la famille puisse rester ensemble. Mais, Josépha, sa mère et son frère Bernard, se trouvent évacués avec les autres habitants du village vers la commune de Sigolsheim ; puis, un malencontreux concours de circonstances les dirige vers le Lot-et-Garonne. À ce moment, son père est mobilisé dans l'armée française et ignore tout des événements qui conduisent sa famille à rejoindre le Sud-Ouest.

Au départ de la gare de Bennwihr, des dames de la Croix-Rouge française lui servent un grand verre de lait. Elle se rappelle des nombreux arrêts en pleine voie de leur train. A l’arrivée à Saint-Barthélemy d’Agenais, sa famille, celle d'Albert HUCK et de Marcel MULLER sont hébergées dans une ancienne pharmacie. Une grande cheminée orne la cuisine. Dans l'arrière-cour, les militaires stationnés dans le village ont installé leur cuisine de campagne ; des liens d'amitié se tissent avec les soldats.

Les produits de première nécessité sont achetés au marché auprès d'agriculteurs locaux qui écoulent le surplus de production. Au départ, quelques difficultés surgissent dues à la barrière de la langue mais également à l’effarement des vendeurs de se retrouver brusquement face à plus d'une centaine de nouvelles personnes venues d'un autre horizon. Josépha cherche le vin rouge à l'épicerie et le lait dans un commerce situé en face de sa maison. Elle se souvient de Joseph RINGLER, boucher de profession, qui apprenait aux éleveurs locaux l'art de découper la viande et l'utilisation des abats. Sa mère met de la viande en conserve, dont certaines seront ramenées en Alsace. Les subsides versés aux réfugiés permettent une vie décente.

Elle se rappelle des greniers communiquant entre les différentes maisons et qui étaient propices au jeu pour tous les enfants. Durant tout le séjour, Josepha avait envie de prendre le train pour rejoindre son grand-père - auquel elle tenait beaucoup - en Alsace.

« C'est des temps difficiles, et ce n'était pas évident tant pour les personnes d'Urschenheim que celles de Saint-Barthélemy d’Agenais ».

En images

Le témoignage de Josépha HOLTZMANN en vidéo